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Interview #10 – Emilien Etienne
Bienvenue à toutes et à tous pour cette nouvelle Interview, notre invité du jour est un photographe venant de Seine-Saint-Denis ! Vous retrouverez donc son interview agrémentée des photos réalisées dans le cadre du défi “orange et doux” que je lui ai lancé ainsi que sa photo préférée !
Pourrais-tu te présenter en quelques lignes ?
Je m’appelle Emilien, j’ai 38 ans. J’habite Montreuil en région parisienne. J’ai une formation en communication des entreprises et pendant 6 ans j’ai travaillé dans la publicité, en agence et en maison d’édition, pour au final tout envoyer valser car cette univers ne me correspondait pas. Voilà 13 ans maintenant que je parcours le monde, de Shanghai à San Francisco, New-York ou encore Delhi, en servant des plateaux repas à 30 000 pieds, échangeant des sourires, veillant au confort et à la sécurité de chacun, apportant du réconfort … bref, je suis steward.
Comment es-tu tombé dans la photo ?
Je suis tombé dans la photo il y a un peu plus de 2 ans. Concrètement je trouvais ridicule d’être aux quatre coins du monde et de ne rien en tirer. Je voulais faire autre chose que du shopping ou lézarder au bord d’une piscine lorsque je me retrouve 24 h, voire plus, en escale. J’ai donc commencé par emprunter l’appareil photo de mon ami, un bridge Panasonic Lumix DMC-FZ18 et j’ai commencé à faire quelques photos comme-ci comme-ça en escale. Mais j’ai vite été limité par les capacités et la réactivité de l’appareil. Alors mon ami m’offre mon 1er reflex pour Noël et de mon côté il était hors de question d’avoir en main un boîtier à plus de 800 euros sans savoir s’en servir. Bien entendu j’ai lu les 321 pages du manuel mais bon … (boring). En parallèle, je suis tombé sur 2 e-books de Thomas Leuthard « Collecting Soul » et « Going Candid » et là, grosse révélation ! Voilà ce que je veux faire ! De la photo de rue. J’avais donc trouvé mon sujet, restait donc à maîtriser la technique et développer « l’œil » photographique que je n’avais pas forcément. Et c’est comme ça que j’ai découvert la formation en ligne de Laurent Breillat « Devenez un Photographe Accompli » et je n’ai pas hésité une seconde pour suivre ses cours.
Quel(s) style(s) préfères-tu pratiquer ?
Le style qui m’a fait aimer la photo est la photo de rue. Et par conséquent le N&B. Pour moi cela va de pair même si j’essaie parfois de faire de la photo de rue en couleurs, je trouve que cela à moins de force, moins de caractère. Le N&B permet de figer une scène, le temps qui passe et de créer de la nostalgie. C’est pour moi plus épuré et graphique à la fois. En revanche j’ai beaucoup de mal à photographier un paysage, une nature morte, ça me parle moins.
Quels sont tes projets actuels ou futurs, sur quoi travailles-tu en ce moment ?
Bien sûr j’adorerais franchir le pas à mon tour et exposer mes clichés lors d’une expo, ce serait juste génial. Il faudrait aussi que je crée mon site web. Je ne comprends pas moi-même pourquoi je ne me suis pas encore penché là-dessus. Donc affaire à suivre … Côté matériel, j’aimerais changer de modèle d’appareil photo pour la pratique de la photo de rue, car ça commence à faire lourd tout ça dans le sac et au poignet. Un petit hybride serait parfait, reste à savoir lequel maintenant. Enfin, j’ai envie d’essayer quelque chose de nouveau en photographie, quelque chose de plus « structuré ». J’ai un peu hésité lorsque tu m’as présenté ton projet car un thème imposé comme ORANGE et DOUX, j‘avoue être resté quelques jours à me demander ce que j’allais bien pouvoir faire ! Mais j’ai accepté le challenge justement pour sortir de ma zone de confort et essayer ce que je fais moins bien : photographier des natures mortes.
Quels sont les photographes qui t’inspirent ?
Alors bien entendu on peut parler des grands dans le domaine de la photo de rue, comme Cartier-Bresson, Doisneau, Bruce Gilden, Vivian Maier et Gary Winogrand que j’affectionne particulièrement, mais leur réputation n’est plus à faire. En revanche, je regarde davantage le travail des photographes contemporains, comme Thomas Leuthard qui m’a donné envie de faire de la photo de rue ou Olivier Ciappa célèbre pour sa série « Les Couples Imaginaires » mettant en scène des célébrités françaises pour lutter contre l’homophobie à la suite des débats sur le mariage pour tous. J’aurais adoré avoir cette idée. C’est un projet magnifique et je trouve fabuleux que des personnes comme Antoine De Caunes, Lara Fabian, Florent Manaudou, Murielle Robin, Eva Longoria, entre autres, aient joué le jeu ! Enfin et même si ce n’est pas mon style photographique et que généralement je suis insensible à la photo de paysage et animalière, je dois dire que je suis particulièrement fan du travail de Vincent MUNIER. Il a cette façon de montrer la nature sauvage et de mettre en lumière des espèces menacées, qui m’émeut. Je trouve ses clichés fascinants et hypnotisants à la fois ! Son dernier ouvrage « Arctique » est un régal pour les yeux !
Pourquoi fais-tu de la photo ?
Parce qu’évidemment j’aime ça, mais aussi pour les mêmes raisons que la question 2. Cela me permet d’accomplir quelque chose lors de mes différentes escales. Cela me donne l’occasion aussi de découvrir une ville hors des sentiers battus. Je me balade au hasard des rues et bien souvent c’est là que le charme opère. Et puis, faut dire aussi que je suis assez sauvage, j’aime me retrouver seul. Je suis un solitaire dans l’âme et observateur par dessus tout. Enfin, je dirais que je fais de la photo pour pouvoir dans quelques années retourner sur les lieux de certains de mes clichés et me dire « wow ça a bien changé ». Les mœurs, les habitudes, la mode, etc, je trouve l’idée assez excitante.
Quelles sont tes autres passions dans la vie ?
Je n’ai pas vraiment d’autres passions. Je trouve qu’il est déjà difficile de s’épanouir à 100 % dans une seule, et la photo me prend déjà pas mal de temps. Sinon bien entendu je suis passionné par mes amis et je fais beaucoup de sport aussi. Les 2 sont indispensables à mon équilibre. Ils me permettent de garder une bonne hygiène de vie et de garder les pieds sur terre à force d’être trimbalé d’est en ouest !
Quel matériel et logiciel de post-traitement utilises-tu ?
J’utilise mon seul et unique boitier, un NIKON D7000 que je transporte toujours avec moi en escale dans mes bagages. J’utilise 2 objectifs, celui du kit 18-105 mm f/3.5 – 5.6, mais sur le terrain il devient vite encombrant. Alors j’ai rapidement acheté une focale fixe 35 mm f/1.8. Plus compact, léger et discret. Je le trouve parfait pour de la photo de reportage, de la photo de rue. Son ouverture à f/1.8 permet de créer un bokeh doux et harmonieux, idéal pour détacher un visage de l’arrière-plan. J’utilise également une sangle de poignet de chez OP/TECH USA. Cela me permet plus de souplesse et de réactivité par rapport à la sangle de cou que je trouve insupportable et pas du tout discrète sur le terrain. Et depuis peu (disons depuis ton défi) j’utilise du matériel studio, trépieds, éclairage parapluie, supports de fond, trépied, etc, pour apprendre un autre style photographique. Je photographie en RAW donc tout naturellement j’utilise Lightroom pour le traitement de mes photos. Je me contente juste de « développer » mes clichés en N&B pour la plupart, d’ajuster l’exposition, le contraste, etc … Même si je pense que le post-traitement est incontournable, j’évite toutefois de passer 2 h sur chaque photo.
Quelle est ta photo préférée et pourquoi ?
Difficile de n’en choisir qu’une mais mon choix se porte sur celle que j’ai appelé « STAY FOCUSED ». Elle est loin d’être parfaite à cause de la mise au point notamment, mais c’est aussi ça la difficulté en photo de rue. Pour la petite histoire, je me baladais avec mon collègue et ami (Axel pour le citer) dans les rues de New-York fin juillet 2015. Nous arrivions sur Union Square lorsque un orage s’abat sur nous. Des trombes d’eau ! J’ai toujours mon appareil avec moi, sanglé à mon poignet droit et toujours allumé. Le boitier est étanche mais allez savoir pourquoi, je l’ai éteint et je l’ai rangé dans mon sac à ce moment-là. Nous traversons la place et de mon côté je n’avais pas vu la scène qui était en train de se jouer. Nous dépassons les 2 hommes en train de jouer aux échecs lorsque Axel m’arrêtes et me dit : « t’as vu ce qui est en train de se passer ? » Nous avons fait demi-tour, j’ai ressortis mon boitier, et je me suis agenouillé pour être à leur hauteur et j’ai shooté. Nous étions trempés mais qu’importe, la situation était surréaliste. Tout autour de nous les gens courraient pour se protéger de la pluie, sauf ces 2 hommes. Ils ont tout simplement sortis leur parapluie et comme si de rien n’était ils ont continué, concentrés sur leur partie. Cette photo reflète ce que je pense de la photo de rue : spontanéité, échange, et chance. Elle n’aurait jamais existé si Axel n’avait pas eu l’œil à ce moment-là. C’est pourquoi je l’ai appelé « STAY FOCUSED » comme pour me rappeler à moi-même de toujours rester concentré.
Bravo à toi Emilien, tu as rempli le contrat, tu es tout à fait dans le thème ! Pour quelqu’un qui n’est pas trop à l’aise avec les couleurs et les nature-mortes, je trouve que tu t’en sors très bien. Tu as trouvé des objets très intéressants et que ce soit la profondeur de champ ou la composition, tu as très bien réussi. J’adore la pelote de laine, très graphique avec cette ligne d’horizon avec du bleu. Plus que de la composition, tu as su faire preuve de mise en scène, qui est encore un autre aspect de la créativité. Un tout petit bémol sur la 2ème photo avec le nounours, le bleu est trop présent par rapport au orange. On ressent bien la douceur dans tes photos, bref, un grand bravo ! Petite aparté, concernant ta photo préférée, elle me rappelle une situation que j’ai rencontré cet été, à Stockholm, des hommes jouaient aussi aux échecs (un damier au sol avec des pièces géantes) et il a plu, mais ils ont continué, comme quoi, ça doit être une constante chez les joueurs d’échec. Un grand merci à Emilien pour sa participation pleine de douceur, de dispositions esthétiques et de luminosité bien chatoyante ! – Interview réalisée en mai 2016 –
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Quant à moi, je vous donne rendez-vous pour une prochaine interview ! N’hésitez pas à laissez vos commentaires et questions concernant le travail de Emilien ! Je vous dis à bientôt ! 🙂